• Des habitants rebelles !

    À l’époque de la Nouvelle-France, les courageux qui décidaient de venir s’installer ici de manière permanente se faisaient appeler les habitants. On les distinguait ainsi des gens de passage, comme les soldats et les administrateurs. Assez rapidement on constata que les habitants étaient des gens fiers qui ne s’en laissaient pas imposer. En vivant en Amérique on prenait rapidement un goût certain à la liberté et on n’aimait pas se faire emmerder. La vie était d’ailleurs bien mieux qu’en France pour les paysans.

    Des têtes brûlées

    [les habitants] sont d’indociles entêtés et ne font rien qu’à leur gré et fantaisie*.

    Voici ce qu’on disait de nous en d’autres temps !

    Il est fréquent que les habitants refusent tout simplement de payer la dîme à l’Église. Un religieux dira  »qu’un grand nombre d’habitants veulent corrompre le curé ». C’est parfois la corvée seigneuriale que l’on refuse. À Longueuil ils iront jusqu’à prendre les armes pour montrer aux soldats qu’ils ne payeront pas. Même les miliciens ont la réputation d’être des gens un peu trop têtes brûlées, souvent parce qu’ils logent chez les habitants. Lorsqu’on établit une loi pour faire respecter certaines normes de constructions, les gens du pays réagissent de manière responsable en l’ignorant complètement et en construisant où bon leur semble.
    Il faut dire que les dirigeants locaux ne font pas bien peur aux habitants. Quand on a vécu la menace des Iroquois et des Anglais, il est assez difficile de se faire effrayer par un fonctionnaire du roi…

    En plus de se plaindre de nos instincts rebelles, on reproche aux habitants de boire un peu trop et d’avoir un goût pour la fête trop prononcé. Nous seulement nous refusions l’autorité, mais en plus on trinquait trop fort. Plus ça change plus c’est pareil !
    Les femmes, pas mal moins nombreuses que les hommes, devaient bien souvent savoir tirer du fusil et défendre la demeure. Il leur faut donc bien du caractère et elles en viennent à gagner la réputation d’être encore plus indociles que les hommes. Elles s’attirent aussi les foudres des religieux qui étaient choqués de voir leur accoutrement : elles portaient des tuniques légères et décolletées remontées jusqu’à la mi-cuisse. Ô scandale ! C’était bien trop de chair que ne pouvaient tolérer les prêtres.

    Même les Anglais s’y frottent

    Après la Conquête, ce furent les Anglais qui gouttèrent à l’insubordination de nos aïeux. Ils eurent toutes sortes de difficultés avec eux et peinèrent à les faire obéir. Par exemple, à Sainte-Famille un habitant refuse de se faire nommer capitaine de milice et d’aller engager de force une quinzaine de ses congénères. Les Anglais pour le punir décident de brûler sa ferme.  Ceux-ci prennent quand même la peine de l’avertir de leur plan. Les gens du coin se rassemblent et s’opposent carrément aux soldats en montant la garde !.
    D’autres habitants prendront aussi les armes pour chasser les recruteurs anglais à plusieurs reprises… On n’a pas trop le goût de se battre pour le nouveau monarque !

     

     

    *Louis Franquet, dans sa correspondance au ministre, 191

    La plupart des exemples et anecdotes viennent du livre qui les a colligés :  »L’esprit révolutionnaire dans l’art québécois », de Robert-Lionel Séguin aux éditions parti pris.

     

    Les premiers habitants, par Francis Back

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