• L’art du scalp

    On l’a vu, fallait mieux ne pas se faire prendre par les Amérindiens en Nouvelle-France! Redoutables guerriers, ils étaient de plus des maîtres de l’embuscade et de l’attaque éclair. Ils furent aussi rapidement connus pour leur maîtrise d’une nouvelle forme de coupe capilaire bien en vogue : le scalp.

    Déjà en 1535, lors d’un voyage dans le coin de Québec, Jacques Cartier peut admirer le talent au couteau des Sauvages qui l’accueillent :  »les peaux de cinq têtes d’hommes, étendues sur des bois, comme peaux de parchemins’‘. Fallait pas rigoler avec les hôtes! D’autres de nos grands découvreurs, comme Champlain, firent mention du scalp dans leurs récits.

    Les Amérindiens donnaient une importance assez grande au scalp, en faisant un symbole pour savoir qui était le plus valeureux. Quand un prisonnier était trop lent ou encombrant, on pouvait le laisser derrière en ne gardant que sa tignasse sanglante. Pas trop dédaigneux, ils brandissaient ensuite le scalp bien haut en faisant un cri puissant appelé  »cri de mort ». Il était alors plus facile de se sauver sans avoir à trainer un colon Français derrière soi.

    Pour réussir un bon scalp selon la technique de l’époque, il vous faut en premier lieu un bon couteau. Ensuite, faire une coupure nette du front jusqu’à l’arrière du cou. Il faut finalement poser le prisonnier ventre contre terre, mettre un pied sur son épaule et tirer fort à deux mains. Vous voilà maintenant possesseur de votre premier scalp!

    On pense peut-être que se faire scalper équivaut à une mort certaine. Il est en fait possible d’y survivre si on est coriace (ou juste chanceux). Ça vous laissera toutefois une jolie cicatrice à exhiber devant vos potes.

    Le scalp made in Europe ?

    Certaines personnes affirment que ce ne sont pas les Amérindiens qui ont inventé l’art du scalp, mais plutôt les Européens qui les auraient utilisés en leur apprenant cette technique. Cette information, reprise plusieurs fois depuis le 19e siècle, est toutefois fausse et perpétue l’image de l’Amérindien pur face à l’Européen qui le corrompt méchamment. Comme cité précédemment, on retrouve des témoignages mentionnant le scalp depuis les premières explorations. On a même retrouvé des traces de cette pratique dans les sociétés pré-colombiennes.

    Les Européens, bien que n’ayant pas importé la pratique, ont par contre joyeusement favorisé son essor. Durant les guerres ils ont été bien heureux de payer les Sauvages pour chaque scalp rapporté. Après une centaine de scalps, grâce à leur carte de fidélité, ils recevaient une marmite gratuite (ok, la marmite c’est inventé). Bref, un moyen de financer à moindres coûts la terreur dans les rangs ennemis!

    Toile du scalp : Indian Scalping the Dead Enemy par Ange-Louis Janet

    Références : http://www.americanheritage.com/content/who-invented-scalping?page=2

    et Petite histoire du scalp… par Philippe Jacquin dans  »Histoire : les collections » no 54

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