Ça prend pas la tête à Papineau!
Une expression qu’on ne retrouve qu’au Québec mais dont tous ne connaissent pas l’origine. Elle fait bien évidemment référence à Louis-Joseph Papineau, redoutable politicien, républicain assumé et un des leaders du mouvement patriote des rébellions de 1837 .
C’était qui lui ?
Il commence sa vie de politicien en 1808 et devient député du Parti Canadien. Son intelligence, son charisme et ses talents dans l’arène politique font de lui un député capable de verbalement estropier ses adversaires. Il parvient à se hisser à la tête du parti quelques années plus tard. L’organisation prendra ensuite le nom de Parti Patriote en 1826. Je vous épargne toute la situation politique du moment (j’y reviendrai un jour), disons simplement que politiquement parlant les Bas-Canadiens se font entuber assez solidement par le gouverneur britannique. Papineau fera alors, en 1837, un grand discours sur les 92 résolutions, c’est-à-dire une série de réformes visant à donner un gouvernement responsable au Bas-Canada. L’Angleterre répondra par 10 contre-propositions, ne résolvant évidemment pas le cœur du problème.
La grogne populaire continuera d’augmenter et on commence à parler de prendre les armes. Étant plus habile avec les mots et la politique qu’avec les fusils, il est d’avantage favorable à des réformes plutôt qu’à une véritable révolution du peuple. Le reste, c’est de l’histoire : les patriotes se soulèvent, se battent et se butent à une armée britannique plus nombreuse et mieux équipée.
Suite à l’insurrection, il devra s’exiler aux États-Unis mais recevra une amnistie en 1844. Il meurt en 1871.
Et ça veut dire…?
L’expression Ça prend pas la tête à Papineau veut donc dire pas besoin d’être un génie.
Louis Fréchette, un de nos poètes nationaux, a écrit plusieurs textes sur lui, dont cet extrait tiré des Fleurs boréales (qu’on peut voir sur sa statue devant le parlement de Québec) :
Il fut toute une époque, et longtemps notre race
N’eut que sa voix pour glaive et son corps pour cuirasse.
Courbons-nous donc devant ce preux des jours anciens.
S’il ne partagea point nos croyances augustes,
N’oublions pas qu’il fut juste parmi les justes,
Et le plus grand parmi les siens !
Les Cowboys Fringants ont fait référence à ce leader politique dans leur album Break Syndical :
Alexandre Belliard, dans son album Légendes d’un peuple, a lui aussi fait une chanson sur Papineau :
Certains feront peut-être le lien avec l’avenue Papineau qui traverse Montréal; sachez toutefois qu’elle fait référence à son père, lui aussi politicien, se nommant Joseph (on était particulièrement original dans les prénoms à cette époque).
On peut affirmer qu’en heure de pointe, cette rue est probablement aussi bloquée que l’était le système politique de l’époque des patriotes!