• Un Québec tissé serré

     

    Le bonhomme carnaval, glorieux avec son look ultra fashion-tendance, est probablement l’actuel porteur de ceinture fléchée le plus connu. Il faut remonter un peu plus loin si on veut se remémorer des images typiques de porteurs de la ceinture, comme nos ancêtres rebelles de 1837 ou nos premiers aventuriers coureur des bois (et de jupons).

     

    Une ceinture qui a du vécu

    Bien qu’on atteste des premières traces de la ceinture fléchée à la sauce canadienne en 1798, dans les registres de la compagnie du Nord-Ouest, son origine remonte à bien plus loin. On trouve des traces de ceintures de laines similaires dès l’aube de la Nouvelle-France, lors des voyages de Jacques Cartier. Vers 1835 la plus grande quantité de ceintures est produite dans le coin de l’Assomption, qui donnera son nom à un des motifs fléchés les plus populaires.

    La ceinture servait à tenir bien serrer les vêtements des voyageurs, coureurs des bois et travailleurs. On évitait ainsi que le vent froid ne se glisse un peu partout sous le manteau. On s’en servait aussi pour aider à soutenir le dos, question d’éviter des hernies (Georges Laraque aurait certes apprécié d’en avoir une). Les mailles étaient tissées si serré qu’on aurait pu boire de l’eau -ou tout breuvage alcoolisé de votre choix- avec une ceinture ramassée en bol.

     

    Symbole des rebelles

    La ceinture fléchée eu de forts moments de symbolisme politique. En premier lieu chez les patriotes. En effet, ceux-ci boycottent les produits Anglais et favorisent donc tout ce qui est typiquement de chez-nous, comme la ceinture. D’accessoire de voyage, elle devient emblème d’une nation.

    Elle est aussi adoptée par des gens au sang-mêlé : le peuple métis. Fils et filles des unions entre coureurs des bois et sauvagesses, ils vivent dans l’Ouest et portent la ceinture à leur manière. Louis Riel, un leader/politicien/chef rebelle/fondateur du Manitoba/résistant Métis, la portait d’ailleurs fièrement. On en attacha même une autour de la statue érigée en son honneur en 1990.

    De nos jours, la ceinture est rentrée dans le folklore et symbolise le Québec d’antan. Quelques tisserandes transmettent toujours le métier et essaient de perpétuer la tradition flécherande.

    Aussi, on utilise parfois le terme de  »ceintures fléchées » pour désigner un certain nationalisme un peu vieux jeu. Dommage car le symbole devrait plutôt être associé à des travailleurs acharnés, des aventuriers et des rebelles patriotes.

    Le collectif Identité Manifeste a fait, il y a un certain temps, une étude graphique très originale sur la ceinture fléchée, la remettant au goût du jour. À voir ICI.

     

    Un exemple de ceinture fléchée moderne. Confectionnée par Yvette Michelin.

     

    Bonhomme, dans toute sa splendeur avec autour du corps une immense ceinture fléchée.

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  • Hélène

    Tradition flécherande??? C’est quoi ça? Si vous voulez parler de tradition utiliser les mots flécheurs et flécheuses. La ceinture de Louis Riel est en fait une ceinture tissée au métier à Coventry en Angleterre

    • Cartier Général

      J’ai retrouvé le terme de  »flécherande » dans plusieurs articles et écrits concernant les ceintures fléchées. Par exemple cet article publié sur le site de l’historien Gilles Laporte : http://www.1837.qc.ca/1837.pl?out=article&pno=10021
      De plus, la dame de qui j’ai directement acheté la ceinture montrée en photo se présente elle-même comme  »flécherande » plutôt que  »flécheuse ». Je suis tout de même curieux, si vous avez des sources historiques concernant l’utilisation du mot  »flécheuse/flécheur », je suis preneur !

      Merci pour la précision concernant la ceinture de Louis Riel.

      • Elaine

        Plus souvent qu’autrement j’ai moi aussi entendu le terme  »Flécheurs/Flécheuses » que  »Flécherands/Flécherandes ». Ma professeure qui m’a enseigné la technique de tressage de la ceinture fléchée se définie comme une Flécheuse 😛

        • Monique

          Vous pouvez vous référer au livre de Marius Barbeau, « La ceinture fléchée ». Il parle de flécheuse.

          • Monique

            L’Office de la langue française en parle, mais ne se prononce pas.