Préparez-vous à lire l’histoire d’un Québécois dont la vie est une véritable succession d’actions épiques : Léo Major. Sa biographie est digne d’un film d’action des années 80 et fait passer Chuck Norris pour un simple amateur. Je tiens à préciser que je n’invente rien de ce récit :
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Le 23 janvier 1921 à New Bedford au Massachusetts, durant une tempête de neige colossale, nait Léo Major. Son père est un Québécois qui travaille sur les chemins de fer, temporairement affecté aux États-Unis.
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Léo a 18 ans lorsque le Canada déclare la guerre à l’Allemagne : c’est la 2e Guerre mondiale, nous sommes en septembre 1939. Il est enrôlé par le Royal 22e régiment mais est ensuite muté dans le régiment de la Chaudière.
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6 juin 1944, c’est l’opération Overlord : le débarquement de Normandie. Léo est dans une péniche avec un pote; la mer est déchainée. L’ami, apeuré, se plaint que leur régiment n’a aucun tank et qu’ils vont tous y passer. La réponse de Léo Major : Relax Larry. Tu as une bonne mitraillette et tu vas être OK. On a un bulldozer alors que les autres ont juste des tanks. Attend de voir ce qu’on va faire avec.
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Léo et les autres débarquent et attaquent. Avec une mine et leur fameux bulldozer, ils démolissent le mur d’un bunker Nazi. Ils prennent comme prisonnier les Allemands qui s’y trouvaient. Un sergent Canadien-Anglais arrive et tente d’abattre les prisonniers. Léo s’interpose : pas question que des hommes désarmés meurent devant lui. Le sergent se pousse en gueulant »Goddamn frogs »
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Plus tard dans la journée, Léo et un autre soldat capturent un véhicule allemand dans lequel ils trouvent d’importants codes secrets. Revenant avec le véhicule capturé, ils se font tirer dessus par les Canadiens-Anglais qui pensent qu’ils sont des ennemis. Léo monte alors sur le toit du bazou pour qu’on le reconnaisse. Content que les Canadiens-Anglais ne soient pas de bons tireurs, il réussi à revenir au bercail. Alors qu’un Anglais ordonne qu’il lui remette le char capturé, Léo répond : C’est un québécois qui a capturé ce véhicule donc il s’en va chez les troupes québécoises.
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Deux jours plus tard, alors qu’il vient de tuer une bande d’Allemands, Léo se fait lancer une grenade par un des mourants. Il devient aveugle de l’œil gauche.
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On l’emmène à l’infirmerie et la nouvelle tombe : La guerre est finie pour toi Léo! Il réplique qu’il n’a besoin que d’un œil pour tirer ! En plus, il aime bien le look de pirate que lui donne son cache-œil.
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Quelques mois plus tard, lors d’une opération dangereuse, Léo capture à lui seul 93 Allemands.
93.
Seul.
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Des semaines passent et la guerre continue. Pas de bol, Léo reçoit une explosion en pleine gueule et on l’emmène chez le toubib. Résultat : 3 vertèbres brisées, des côtes fracturées et les 2 chevilles foulées. La guerre est finie pour toi Léo, prise 2. Après 1 semaine à l’hôpital, il décide de se sauver et part en cavale chez sa nouvelle blonde aux Pays-Bas, rencontrée durant la guerre.
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Il passe 1 mois et demi chez sa copine et scie lui même son plâtre. C’est le temps de retourner dans le feu du combat.
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Léo et les troupes canadiennes arrivent devant Zwolle, une ville des Pays-Bas occupé par les Allemands. Léo Major et son ami Willy Arsenault sont envoyés en mission de reconnaissance. Inutile de préciser que c’est extrêmement dangereux. Début de la mission, c’est la nuit, Léo et Willy s’approchent furtivement. Coup du destin, Willy se fait tuer par 8 Nazis. Léo réplique en envoyant deux des leurs en enfer et fait fuir les autres.
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Léo aurait pu tout arrêter là. Après tout, c’était une mission de reconnaissance, pas question de sauver la ville. Mais Léo Major était forgé dans l’acier et il avait tout un caractère. Il ramasse donc le sac de grenades de Willy et sa mitraillette. Toute la nuit, il se promène dans la ville, embusquant les patrouilles, pitchant des grenades et tirant sur les Nazis. Imaginez un peu, Léo Major, une arme dans chaque main, un nombre incalculable de grenades et un bandeau de pirate : Il devait pas avoir une gueule de porte-bonheur!
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Sous la peur, croyant à une armée, les Nazis fuient. Léo Major libère à lui seul la ville de Zwolle.
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Léo retourne chez lui après la guerre, en 1945. Il devient plombier, gagne bien sa vie et continue de voir les potes de l’armée.
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On avance dans le temps, en 1951. La guerre de Corée commence et bien sûr Léo y va avec le 22e. Comme à son habitude, il agit en sauveur. Avec sa troupe peu nombreuse il infiltre une position Chinoise. Il dégomme des ennemis et prend position sur une colline que plusieurs milliers de soldats Américains avaient perdus récemment. Il tient bon durant 2 jours entiers sous les assauts de milliers de Chinois, dirigeant des tirs de mortier comme un chirurgien en mode rambo. Les Chinois abdiquent, incapable de venir à bout de Léo Major. Les Québécois sont victorieux là où les Américains avaient échoués.
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Léo Major emmerda le destin et mourut bien des années plus tard, à Longueuil, en 2008.
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Léo Major reçu deux fois la médaille de conduite distinguée. Il est le seul Canadien à avoir accompli cela deux fois (et dans deux guerres différentes!). Il aurait pu en avoir une autre mais la refusa, ne voulant pas la recevoir des mains du Maréchal Montgomery dont il n’approuvait pas les stratégies. Il est aussi (et surtout) le seul soldat à avoir libéré une ville à lui tout seul.
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Vous pouvez vous procurer un t-shirt à l’effigie de ce héros à la Mercerie Roger.
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Sources :
-Biographie militaire de Léo Major. http://publications.gc.ca/collections/collection_2009/forces/D12-11-11-3F.pdf
-Revue Histomag’44 http://www.39-45.org/histomag/mag-decembre2008.pdf
-Association des vétérans de Corée http://www.kvacanada.com/stories_taportraits.htm et http://www.kvacanada.com/stories_trfLeo.htm