Si les églises se sont vidées, les arénas, elles, se sont remplies. Le Québec est probablement l’endroit où on comprend le mieux les expressions ‘’manger les bandes’’ et ‘’compléter ses mises en échec’’. Le hockey, sport national, occupe une place de choix dans nos cœurs (peut-être trop !) et va chercher certains de ses symboles dans notre histoire.
Comme avec les histoires de boisson, j’expliquerai l’origine de certains noms d’équipes qui ont des liens directs avec notre passé.
Je commencerai avec l’équipe de Drummondville de la LHJMQ, les Voltigeurs. Cette équipe créée en 1982 porte le nom d’une ancienne troupe militaire de Canadiens-français. Ceux-ci combattirent dans la guerre de 1812 contre les Américains. Il s’agit d’ailleurs de la guerre que le gouvernement Conservateur essaie de publiciser au maximum (mais pour les mauvaises raisons).
Un régiment bien de chez nous.
Dirigé par l’officier Charles-Michel de Salaberry (dont vous lirez un fait d’armes plus bas), le régiment était principalement composé de volontaires canadiens-français et devait défendre le pays dans la guerre contre les États-Unis. À cette époque nous sommes sous domination britannique, et ceux-ci ont bien des misères à recruter chez les francophones du Bas-Canada. En effet, on ne veut pas trop se battre pour défendre la Couronne Anglaise et on boude l’armée. On décide alors de changer la couleur des uniformes (on passe du rouge au gris) et on compose en partie l’état-major du régiment d’officiers canadiens-français du coin. De plus, la troupe n’est même pas directement incorporée à l’armée anglaise : elle est payée par le Bas-Canada. Les Voltigeurs eurent encore des difficultés à recruter mais finalement les rangs se remplirent. Les soldats n’étaient toutefois pas plus partisans Britanniques et se battaient avant tout par devoir envers leur patrie du Bas-Canada (aujourd’hui le Québec).
Des Voltigeurs et leur officier (en vert). dessin d’Eugene Leliepvre, © Parcs Canada
Un duel sanglant
Charles-Michel de Salaberry, commandant des Voltigeurs, était tout un homme, issu d’une famille de gens courageux et pleins d’honneur. Réputé pour imposer une discipline de fer, il est toutefois immensément respecté et aimé de ses hommes. Ces derniers vont jusqu’à composer une chanson qui décrit bien le personnage :
C’est notre major
Qu’a le diable au corps,
Qui nous don’ra la mort.
Y’a pas de loup ni tigre
Qui soit si rustique
Sous la rondeur du ciel
Y’a pas son pareil.
Il était un homme orgueilleux qui ne s’en laissait jamais imposer. Alors qu’il sert dans le 60e régiment aux Indes, il doit endurer des officiers aux nationalités variées ayant le don de mutuellement s’emmerder. Alors que Salaberry prenait bien tranquille sont p’tit dej, un Allemand vint lui faire un peu d’attitude, lui gueulant qu’il vient d’envoyer un Canadien-Français au paradis. Le type vient effectivement de faire un mort durant un duel, et il est un combattant réputé.
Salaberry, pas impressionné pour 2 cents, lui répond : ‘’C’est bien, monsieur, nous allons déjeuner et vous aurez ensuite le plaisir d’expédier un autre Canadien-Français’’. La classe quoi !
Le duel eu lieu et fut enragé, chacun s’échangeant les coups avec fureur. L’Allemand était un vétéran expérimenté, mais Salaberry était plus jeune et impétueux. Il manqua prêt de se faire ouvrir le crâne et s’en tira avec une entaille. Pissant le sang, Salaberry décide de continuer le combat malgré les réticences de ses potes moins couillus. Couvert de sang et de sueur, il blessa mortellement l’insolent, montrant à tout le monde de quel bois se chauffaient les Canadiens-Français.
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Je reviendrai prochainement sur diverses anecdotes reliées au célèbre officier de Salaberry, toutes aussi marquées par son caractère fort, dur et honorable.
Je vous ferai aussi le récit de la bataille de Chateaugay où Salaberry affronta des forces 10 fois plus nombreuses avec l’aide d’une bande de Voltigeurs prêt à en découdre. Je ne vous dis pas d’avance s’il gagne ou pas, mais vu le personnage, on peut se douter de la réponse !
Salaberry, statue du parlement de Québec.