• Un vrai fils de —!

    Il n’y pas que la boisson pour transmettre l’histoire au Québec : il y a la chanson. De nombreux groupes puisent leur inspiration dans notre passé et Cartier Général se donne la mission de vous en faire découvrir quelques-uns

    Je commencerai avec Corrigan Fest et sa chanson ‘Je suis fils’’. Corrigan Fest un groupe incroyablement festif, une espèce de joyeux mix punk-folk-celtique-rock. Il n’aura donné lieu qu’à un seul album, la victoire en chantant, le groupe n’étant plus actif.

     

    (Des infos sur les paroles plus bas)

    Je suis fils de marin qui traversa la mer
    Je suis fils de soldat qui déteste la guerre
    Je suis fils de forçat, criminel évadé
    Et fils de fille du Roy(1), trop pauvre à marier
    Fils de coureur des bois et de contrebandier
    Enfant des sept nations(2) et fils d’aventurier
    Métis et sang-mêlé, bien qu’on me l’ait caché
    C’était sujet de honte, j’en ferai ma fierté

    Je suis fils d’Irlandais(3), poussé par la famine
    Je suis fils d’Écossais(4) venu crever en usine
    Dès l’âge de huit ans, seize heures sur les machines
    Mais dieu sait que jamais je n’ai courbé l’échine
    Non, je suis resté droit, là devant les patrons
    Même le jour où ils ont passé la conscription(5)
    Je suis fils de paysan, et fils d’ouvrier
    Je ne prends pas les armes contre d’autres affamés

    Ce n’était pas ma guerre, alors j’ai déserté
    J’ai fui dans les forêts et je m’y suis caché
    Refusant de servir de chair à canon
    Refusant de mourir au loin pour la nation
    Une nation qui ne fut jamais vraiment la mienne
    Une alliance forcée de misère et de peine
    Celle du génocide des premières nations
    Celle de l’esclavage et des déportations

    Je n’aime pas le lys, je n’aime pas la croix
    Une est pour les curés, et l’autre est pour les rois
    Si j’aime mon pays, la terre qui m’a vu naître
    Je ne veux pas de dieu, je ne veux pas de maître
    Je ne veux pas de dieu, je ne veux pas de maître

    1)      À la demande de l’intendant Jean Talon, on envoie de France des jeunes filles, en majorité orphelines ou abandonnées,  question de se marier à la horde de gaillards célibataires qui n’attendent que ça. Elles viennent en prime avec une dot ! Plusieurs vont épouser des soldats et officiers du régiment de Carignan-Salière.

    2)      Les Sept nations sont des clans amérindiens qui vivaient dans une version rétro des réserves et étaient alliés aux Français à l’époque de la Nouvelle-France.

    3)      Il y eu au 19e siècle une grande vague d’immigration irlandaise, bien que plusieurs familles étaient déjà installées au pays depuis belle lurette. Un journal fondé par un Irlandais, le Vindicator, supportera les luttes de Louis-Joseph Papineau. On retrouve aussi parmi les leaders patriotes le docteur Edmund Bailey O’Callaghan, qui est, vous l’aurez deviné, Irlandais.

    4)      Il y eut aussi un bon nombre d’Écossais qui décidèrent de venir s’installer en Nouvelle-France. Certains serviront comme soldats, ayant la réputation d’être d’excellents guerriers. On leur doit aussi le sport épique et mythique du curling.

    5)      On ne saurait dire si la chanson fait référence à la crise de la conscription de 1917 ou de 1944. Dans les deux cas, de nombreuses frictions sont causées par l’attitude hostile des canadiens-anglais à l’intégration efficace des militaires canadiens-français.

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